Jeudi 7 mai, journée particulière. Depuis trois mois, Luc fait le tour des classes dans les 5 communes partenaires, initiant les enfants à la technique du croquis et du carnet. Aujourd’hui, pour les croqueurs, c’est donc jour d’école.
Dans la classe de Saint-Malon sur Mel, Yannick interroge : » Avez-vous un mur pour lancer le ballon ? Nous, on en avait un. » Il prendra le temps de le dessiner plus tard et de revenir déposer les croquis dans les boites aux lettres. A Paimpont, les élèves se souviendront quant à eux longtemps de ses fulgurances chantées et dessinées. A Concoret (photos), où dessiner est un peu une seconde nature, Cédrine et Viviane partagent une partie de croquis dans la cour au soleil. A Muël, Bénédicte emmène les enfants au bord du champ voisin. Les carnets se remplissent, au rythme du leporello de la chroni-croqueuse. Dans les écoles gaëlites, Guillaume, Philippe K, Yann et Lapin rencontrent eux aussi, des enfants attentifs et passionnés. Chaque visite est un moment privilégié, atypique. Quant les bécanes démarrent, les dessinateurs quittent des enfants stimulés, étonnés de leur propre talent. Et sans doute imprégnés d’une image extravagante, celle de dessinateurs venus parler de leur métier… en mobylette.
Quelque chose est arrivé dans notre campagne. On y a découvert un nouveau langage. Celui du dessin que Guillaume qualifie d’universel. Oui, un langage. Le carnettiste n’est pas un affreux solitaire penché jalousement sur son carnet, bloquant les regards qui tenteraient de voler un crayonné. Non. Le carnettiste donne autant qu’il reçoit. C’est un généreux. Quand il restitue, il partage. Il s’inscrit toujours dans une relation. Le dessin dit un peu, beaucoup, pas du tout. Quel que soit son « poids », il est un trait d’union parce qu’il raconte.
« Allez, on dessine les jambes des copains ! Le pot de crayon ! Les panneaux indicateurs ! Le chien ! « Quelle chance. Apprendre à croquer. Beaucoup d’enfants y ont pris goût. Chez eux, quelque chose a changé. On les dirait dotés d’une énergie nouvelle ou d’un pouvoir secret. Ils savent mieux regarder, ou plutôt, regarder autrement. Ils peuvent se passer de la parole ou l’écrit de côté et néanmoins relater. Mieux, ils découvrent rapidement qu’ils peuvent donner un sens à l’écrit en l’associant au dessin. Le carnettiste est très souvent une plume.
Il y a une autre cour d’école où l’on s’agite. A Gaël, déserté par les écoliers en 2008, le 16 de la rue du Lieutenant Guillard héberge la bibliothèque et quelques associations locales. La cour a connu des décennies de kermesses et ça lui allait bien. Elle forme un charmant patio entouré de murs de pierre rouge. Signalée par un vieux chêne que le bitume n’a pas réussi à déloger, elle est bordée sur sa droite par un long préau qui donne des envies de marelle et de confidences. Ce jeudi soir, les Amuseurs de la Gaëllerie ont du pain sur la planche. Demain, c’est férié à Gaël. Le Clou du Croq. Demain… C’est la fin alors… ? Allez savoir.
cf.
Crédit photos © Pascal Glais
*En bonus dans la rubrique Croqueurs en herbe : les photos réalisées par les enseignants – Collecte en cours.