Il dit « ma mob » comme il dirait ma maison, mon premier amour, ma boite d’aquarelle. Pour sa bécane, le croqueur éprouve un béguin foudroyant ou une secrète tendresse. D’affectueux égards en tous cas, trahis par le nombre élevé de portraits de la muse. L’album « Ma mob » forme une fameuse collection qui fait pâlir de désir les afficionados. Pas de place dans le journal, déjà bien rempli, voici donc les bécanes 2016 détaillés, esquissées ou suggérées.
Dès les premiers tours de roue, le croqueur et sa monture semblent assortis. Déjà vieux couple. Quand le duo file au vent, toutes dents dehors, heureux – voire halluciné – sur les départementales, on dira souvent que ces deux-là se sont trouvés. C’est beau comme du cinéma. Pourtant, les débuts ne sont pas toujours bucoliques.
De mauvaises origines, un vécu chaotique ou une solitude jamais acceptée, là-bas au fond d’une grange délabrée, et malgré le soin apporté par Alban à chaque mécanique avant l’événement, les performances sont variables et peuvent décevoir. Certains croqueurs héritent de bécanes un peu poussives. S’ils s’estiment moins chanceux, peut-être un peu lésés, ils finissent par s’en accommoder et comme deux compagnons qui ne s’étaient pas choisis, ils s’habituent l’un à l’autre jusqu’à s’étonner de bien s’aimer au bout de deux jours. Et ils sont touchants, eux aussi. Leur allure bonhomme et leur air pépère contrastent avec celle des Fangio de la team, mais on les dirait sortis d’un jour de fête.
Bref, la relation entre le dessinateur et la mob est un élément capital de Croq and Mob. Voilà pourquoi la belle est autant croquée que le reste. En escale à la terrasse d’un bistrot, en incrustation dans un paysage de campagne, au cœur d’un marché du terroir.
A l’arrêt, le croqueur et la mob se séparent mais ne se quittent pas des yeux. Le siège trépied à hauteur de carénage, la séance peut commencer. La silhouette est bien proportionnée, d’une judicieuse symétrie, avec les points de rupture là où il convient pour que le dessinateur ne s’ennuie pas. Il aurait même été envisagé de procéder au démontage d’un moteur en vue d’un croquis technique de ses entrailles. No limit.
Personne n’a assisté à la séparation. Mais on a trouvé sur les guidons, des morceaux de larmes.
Nota bene #2 – Le fantasme consistant à dessiner en roulant est très amusant, il provoque de beaux dessins. Mais il n’est pas approuvé par le comité organisateur.
Nota bene #2 – L’accoutrement du croqueur a connu cette année une innovation graphique : customisation des casques par Lapin sur le mode hand lettering/lettrage à la main. Ce qui explique que les casques aient pu aussi être dessinés. (Customisée également, la mob de Lapin.)
Spéciale dédicace à Alban – Il a parcouru des centaines de kilomètres pour récupérer les mobs et les bichonner avant le départ. Face aux mécaniques tellement sollicitées pendant la semaine, notre mécano génial a toujours trouvé l’outil qu’il fallait ou une meule de remplacement pour que les dessinateurs poursuivent leur route. Alban, t’es en or !
Un immense merci aux prêteurs de mobs 2016. Sans vous, du Croq mais pas de Mob : Marilyne, Jean-Lou, Anouk, Daniel et Sophie, Christian et Dominique, Lucien, Jean J., François, Cédrine, Corentin, Philippe, Agnès.
ça mériterait un album rien que pour elles!!
C’est une idée !